A La Rochelle, on peut devenir le parrain des abeilles
Article Sud Ouest du mercredi 19/02/2014
La PME rochelaise compte 998 ruches dans son parc, que financent 300 entreprises et 4 000 particuliers. Un espoir pour un secteur apicole fragilisé.
La production de miel a chuté de 40 000 tonnes à moins de 10 000 en l’espace de quinze ans, en France, sous l’effet des pesticides et de la concurrence des miels à bas coût venus de l’étranger. Et le printemps très pluvieux de l’an dernier a douché les derniers espoirs de voir la production nationale se redresser au bénéfice d’un regain d’intérêt pour le « made in France ». De quoi filer le bourdon à plus d’un apiculteur… Mais dans ce contexte morose, Un Toit pour les abeilles fait clairement figure de petit rayon de soleil.
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Une croissance soutenue
La start-up rochelaise de l’écologie, créée en 2010 par Régis Lippinois et Olivier Demaegdt, a réalisé un chiffre d’affaires de 570 000 euros l’an dernier, en hausse de 20 % (+40 % si on intègre toutes les ventes). Après des années 2012 à +52 % et 2011 à +47 %, « on reste sur une forte croissance », assure Régis Lippinois.
Le concept est, il est vrai, particulièrement innovant. La petite entreprise, qui emploie quatre salariés aux Minimes, propose aux entreprises comme aux particuliers de participer à la sauvegarde des abeilles – les apiculteurs et… le monde : ne dit-on pas que sans les abeilles, l’humanité n’aurait plus que quatre ans à vivre faute de pollinisation des cultures – en parrainant des ruches ! Comment ça marche ? Une ruche compte environ 40 000 abeilles. La SARL propose aux particuliers d’en parrainer tout ou partie, à partir de 96 euros par an. En échange, ils reçoivent une certaine quantité de pots de miel à leur nom, à chaque récolte.
Même chose pour les entreprises, qui payent entre 800 euros pour une ruche classique et 3 000 euros pour un essaim posé sur leur toit. La concession Porsche d’Aytré, par exemple, a choisi cette dernière formule. Localement, la SARL Un Toit pour les abeilles compte aussi parmi ses clients l’éco-concession Toyota.
Des enseignes nationales ou internationales telles qu’Arkopharma, un laboratoire spécialisé dans les médicaments naturels, ou bien comme le groupe Auchan ont également souscrit. Faut-il y voir un alibi écologique ou la marque d’un vrai militantisme en faveur de la biodiversité et du développement durable ? Régis Lippinois dit veiller au grain, pour qu’un pollueur notoire ne s’achète pas une image à bon compte, sans être trop exigeant. « Nous sommes aussi une entreprise. » À ce jour, Un Toit pour les abeilles compte tout de même 300 entreprises parmi ses clients, ainsi que 4 000 particuliers, pour un total de 998 ruches parrainées et localisées à La Rochelle, à Charron, dans le Marais poitevin et un peu partout dans l’Hexagone mais rien qu’en France. « Il y a un vrai savoir-faire dans notre pays qu’il faut défendre. » Les apiculteurs concernés sont sous contrat. Et la PME les aide financièrement à produire.
Vers des cosmétiques
Alors, c’est sans doute peu de chose au final au regard des importations en provenance d’Asie qui déferlent, chaque année sur le marché français. Mais d’autres entreprises et associations ont vu le jour, depuis 2010 et la création d’Un Toit pour les abeilles, sur le même principe. Le gérant de la SARL en a compté 40. Ce qui constitue un atout pour l’apiculture française. Mais crée également les conditions d’une concurrence potentiellement redoutable. Les associations ont en effet la possibilité de proposer une déduction fiscale de 70 % aux « parrains », pas les entreprises. La start-up rochelaise sait pouvoir profiter, quelque temps encore, du fait d’avoir été pionnière. Mais, jamais à court d’idées (lire ci-contre), son patron la prépare déjà à élargir sa gamme. Un Toit pour les abeilles devrait ainsi lancer sa marque de cosmétiques à base de miel en fin d’année.
Source :
www.sudouest.fr/un-toit-pour-les-abeilles-fait-son-miel-du-parrainage