Le gouvernement a annoncé vendredi 29 juin l’interdiction définitive du Cruiser OSR, un pesticide utilisé pour le colza, dont plusieurs études ont confirmé les effets néfastes sur les abeilles.
Début juin, le ministère avait indiqué qu’il était favorable à cette interdiction à la suite d’un avis de l’Agence sanitaire pour l’alimentation et l’environnement (Anses), qui dénonçait l’impact néfaste sur les abeilles d’une des molécules actives du Cruiser, le thiaméthoxam.
Les arguments avancés par le groupe suisse Syngenta, fabricant du pesticide, lors d’une procédure contradictoire, n’ont pas été de nature à remettre en cause l’avis de l’Anses, aussi le gouvernement a décidé de confirmer sa décision d’interdire le Cruiser OSR, a expliqué le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll.
Cette interdiction qui « prend effet immédiatement », a précisé le ministre, concerne exclusivement le Cruiser OSR qui est utilisé pour le colza en enrobage de la semence.
La décision était très attendue car les semis sont réalisés vers la fin août et les agriculteurs passent leurs commandes avant.
Le produit est utilisé en France sur 650.000 hectares, soit la moitié des surfaces plantées en colza. En Europe, il atteint près de 3 millions d’hectares.
La décision de retirer l’autorisation de marché « a été prise au vu de résultats scientifiques selon lesquels la molécule présente dans le Cruiser OSR a un impact sur le comportement des abeilles, en particulier sur leur capacité à retourner à la ruche », a expliqué le ministre.
M. Le Foll a confirmé son souhait de porter la discussion à Bruxelles afin d’interdire ce type de molécule à l’échelle européenne. Il souhaite aussi un débat plus large sur la famille des néonicotinoïdes, molécules présentes dans les insecticides.
Interrogé sur l’éventualité pour la France de voir sa décision retoquée par Bruxelles, le ministère a indiqué ne pas craindre un tel veto puisque, a-t-il indiqué, sa décision est du ressort national.
Le groupe Syngenta, qui va attaquer cette interdiction en référé suspension devant le tribunal administratif, « dénonce avec la plus grande fermeté une décision pénalisante pour l’agriculture française, qui utilise comme argument une seule expérience non validée et très éloignée de la pratique agricole ».
« Il n’y a pas d’alternative au Cruiser OSR », a ajouté un porte-parole du numéro un mondial de l’agrochimie qui a mis en garde contre « un développement des pulvérisations (…) moins efficaces » dans les champs.
L’abandon du Cruiser OSR handicapera la compétitivité de l’agriculture française, toujours selon Syngenta qui affirme qu’il représentera également un manque à gagner pour les semenciers français de 72 millions d’euros.
Les apiculteurs se sont réjouis de l’interdiction du pesticide et espèrent qu’elle entraînera celle du Cruiser 350 servant pour le maïs.
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Stéphane Le Foll s’apprête à retirer l’autorisation de mise sur le marché du Cruiser sur colza.
L’UNAF se félicite de cette première décision du nouveau gouvernement : un premier pas vers l’abrogation de toutes les AMM CRUISER.
Aujourd’hui, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a annoncé qu’il envisageait de retirer le Cruiser sur colza.
L’UNAF se réjouit de cette annonce, mais rappelle que le pesticide Cruiser est également autorisé sur d’autres cultures comme le maïs.
L’UNAF exprime sa satisfaction devant l’intention manifestée par le Ministre d’interdire le CRUISER sur colza car il s’agit d’une culture fondamentale pour l’apiculture, qui permet de
renforcer les colonies au sortir de l’hivernage et d’apporter la nourriture de base aux larves d’abeilles.
La France rejoindrait par cette position nouvelle l’Italie qui a adopté depuis 2008 une position très courageuse : en juin dernier, elle renouvelait pour la troisième année
consécutive son interdiction de TOUS les insecticides néonicotinoïdes sur le maïs.
Quelques jours plus tard, paraissait dans ce même pays une étude de l’évolution de la mortalité des abeilles dans les régions maïsicoles : de 37,5 % sur la période 2007-2008 (avant
l’interdiction), les mortalités observées sont tombées à 15% pour la période 2010-2011.
Pour autant, sur cette période, les rendements des maïsiculteurs n’ont pas diminué.
Dans le même temps, les mortalités d’abeilles sont de 30% en moyenne dans les autres pays de l’UE.
L’annonce du Ministre consacre la légitimité du combat juridique de longue haleine mené par l’Union Nationale de l’Apiculture Française contre le Cruiser.
De 2008 à 2011, de manière contraire à la loi, les précédents Ministres de l’agriculture ont accordé année par année des AMM au Cruiser sur maïs.
L’UNAF a déposé quatre recours devant le Conseil d’Etat en 2008, 2009, 2010 et 2011.
En février 2011, la Haute juridiction a annulé les AMM de 2008, 2009 au motif que l’autorisation reposait sur une méthode d’évaluation du risque non conforme à la réglementation.
De la même manière en octobre 2011, l’AMM de 2010 a été annulée par le Conseil d’Etat.
Néanmoins, ces victoires juridiques sont intervenues alors que le Cruiser sur maïs peut toujours être commercialisé dans l’attente d’une décision de justice pour l’AMM 2011.
L’UNAF déplore hautement qu’une fois encore et malgré ces grossières erreurs scientifiques et de méthode constamment sanctionnées par le Conseil d’Etat, l’ANSES continue de rendre des avis pour le moins timorés, s’abritant toujours derrière le prétexte de la multifactorialité des mortalités de colonies pour masquer les faiblesses de ses évaluations.
Pour Olivier Belval, président de l’UNAF « Cette décision va dans le bon sens mais le Ministre de l’agriculture doit aller plus loin pour sauver l’apiculture : il dispose aujourd’hui de
tous les éléments ».
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Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, s’est prononcé vendredi premier juin pour l’interdiction de l’utilisation de l’insecticide Cruiser OSR sur le colza. Sa décision a été prise après avoir reçu un rapport de l’Agence sanitaire de l’environnement et de l’alimentation (ANSES) qui démontre l’impact de ce pesticide sur la mortalité des abeilles. Le groupe suisse Syngenta, qui produit le Cruiser, dispose maintenant d’un délai de quinze jours pour faire part de ses observations.
L’avis de l’Anses avait été demandé fin mars par le précédent ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, après la publication dans la revue Science d’une étude française attestant d’effets nuisibles du thiamethoxam sur les abeilles. Le thiamethoxam est un insecticide de la famille des néonicotinoïdes, qui constitue une des trois substances actives du Cruiser OSR, utilisé pour le traitement du colza.
Dans son avis, l’Anses montrait que les abeilles exposées au thiaméthoxam revenaient moins nombreuses à la ruche que les autres, ce qui fragiliserait les colonies. Elle admet que «dans les conditions de pratiques agricoles actuelles», l’exposition des abeilles au thiamethoxam via les résidus de nectar de colza «est inférieure à la dose utilisée dans l’expérience», mais estime qu’une exposition à cette dose «ne peut être totalement exclue dans des circonstances particulières».
L’Union nationale de l’apiculture française (Unaf) a salué la décision du ministère qui «consacre la légitimité» de son long «combat juridique contre le Cruiser». Mais elle rappelle également que le Cruiser est autorisé sur d’autres cultures comme le maïs.
Les apiculteurs demandent que l’interdiction soit élargie «à tous les Cruiser utilisés en France» et rappellent que l’Italie a interdit depuis 2008 tous les insecticides néonicotinoïdes.